Anciennes Illusions, Manquantes...

Il y a je le sais, nous savons, vous savez,
Des arènes obscures, ésseulées et sauvages
Où le bouclier tombe et n’écrit cette page
Que pour qu'enfin de sang les mots soient dégouttés.

Il y a eu parfois
Des rires d’insolence,
Des sanglots en balance,
Eternels quelquefois,

Des musiques du soir,
Une lumière feu
Dans cette vitre noire :
Demain rêve et je veux...

...Les mélodies d’hier qui fleuraient le cristal,
Les plis neufs d’une bouche. Aimais-je donc assez ?
Je n’ai jamais bien su donner...juste donner.
Vivre, j’aurai voulu, pour être son égal...

Mais elle a galvaudé sa foi et ses fous rires,
Ses silences de soie, le velours de sa peau...
...Puis elle a oublié de prendre ses soupirs
Et ces années perdues...Dieu que j’ai mal aux mots !

Le soleil n’était plus
Que l’envers des nuages.
Un amour froid et nu
Dans un vieux sarcophage

De larmes, de papier,
De phrases inutiles
Et de baisers rouillés
Par les ondées d’avril

Légères et doucereuses. Et ce printemps qui ment,
Qui fit germer le lys sur une terre morte
Que j’ai dû arroser de sel. Ferme la porte !
Prendre froid j’aurai pu si ton vent était tant


Frais comme ce bonheur, simple et ensoleillé,
Et tiède comme un âtre, intime et isolé?..
Prendre garde il fallait à ces espoirs d’un temps.
L’Amour est un bijou; l’écrin sont les amants;

Coffret des sentiments
Qui protège, jaloux,
Des regards malfaisants.
Il y est grave «Nous»,

Il porte mes pensées
Puis parfois les remporte
Où l’âme n’est plus forte
Et la face fardée

De cette unique ride, irréversible trace.
Son seing sur ma surface hypothéquait mes ans,
Me laissa un iris fané pour testament :
Plus jamais je ne veux de ces bonheurs fugaces,

De passions sur le vif que rien, rien ne ravive,
Des heures d’insouciance où les regards ne sont
Jamais, jamais tournés vers un même horizon
Se pourrait-il qu’«aimer» un jour je réécrive ?

(la suite de ce poème s'intitule "...Et Retrouvées")