Salon walido : YVES LEGUERN

Notre invité sera YVES LEGUERN NOTRE AMI A TOUS ET QUE NOUS AIMONS :

"Ce poète trouve l’inspiration dans le quotidien, vivant ses poèmes comme des instantanés photographiques d’un moment privilégié ou bien intense en émotion. Ce qu’il nous donne à lire tout au long de ses écrits, c’est une vision poétique des instants de vie, de la sienne bien sûr, mais aussi des autres, car tout un chacun pourra se reconnaître dans ses poèmes." in Portraits d'artistes.

CHAPEAU BAS L'ARTISTE !
Salon walido : YVES LEGUERN 82-67

Un verre de thé à la marocaine , mon cher Yves ?

:Bisous:

Salut Yves

1 Quand tu écris est-ce que tu pars de l'idée pour aller vers le signifiant ou l'inverse ?

2 Faulkner disait : "L'écriture c'est 99% de transpiration et 1% d'inspiration 3
Qu'en est-il de toi ?

3 Parle-nous de ton coup de foudre avec le haiku. On aime bien ce genre d'écriture au forum Atelier Poètique . Ne penses-tu pas à un projet pour nous amener tous à produire du haiku ?

4 Avant j'avais l'idée que le haiku illustré constituait un paradoxe dans les termes meme : l'image c'est le figement et le haiku c'est la fugacité.
On a discuté longuement et tu m'as convaincu avec des arguments .
On parle d'une écriture verbo-visuelle avec une synthèse de 2 systèmes perceptifs le linguistique et l'iconique (Interartistité mot de Eugenio Miccini)
Que penses-tu de cette citation :
" Celui qui ne sait pas prendre une photo n'écrira jamais un haiku".

5 Tu es né en mai 1967 : un après c'est Mai 68 .
Avec un certain recul qu'est-ce que tu gardes de cet événement ?
Les intellectuels d'aujourd'hui n'observent-ils pas un mutisme révélateur d'une certaine domestication ?
Peut-on étre un néo- soixanthuitard aujourd'hui ?.

MERCI

La parole est d'abord à Yves . Ensuite chacun est libre de discuter avec lui

1 Quand tu écris est-ce que tu pars de l'idée pour aller vers le signifiant ou l'inverse ?

La plupart du temps je pars d'un phrasé, d'un rythme, d'un vers qui me "hante". A partir de ce vers, je brode une petite histoire autour. La structure, la plupart du temps, s'impose à moi, presque malgré moi, je dirais. Et petit à petit, le signifiant se construit au fur et à mesure que je construis mon poème. Mais ma démarche est assez "innée", bien que si l'on en reste à ce niveau ce soit un peu faux.
En effet, en creusant un peu, je dirais que j'ai comme un substrat que j'ai contruit au fur et à mesure de mes lectures, de ce substrat, riche, j'en tire mes mots, mes phrases et mes vers. Mais il est vrai que je me laisse souvent guider par mon intuition. Au point même que quand je commence un poème je ne sais jamais où il va me mener.
Voilà pour les généralités, et comme de juste il y a des exceptions. Des poèmes qui naissent d'une l'idée, et que je veux signifiant selon la thèse que je défends, et que je construit pour arriver au but que je me suis fixé. Ceux-là sont plus rares.
Pour conclure, en règle générale, je me laisse conduire par la poésie, et je corrige ça et là quand le premier jet ne me convient pas.

2 Faulkner disait : "L'écriture c'est 99% de transpiration et 1% d'inspiration
Qu'en est-il de toi ?

Je dirais le pauvre Faulkner ! Pour moi c'est exactement l'inverse. 99% d'inspiration et 1% de transpiration. Une fois l'idée trouvée, ou bien même sans idée du tout, j'ouvre le robinet de la poésie et elle coule, je la canalise. Je transpire rarement sur l'écriture, même contrainte, comme dans les atelier d'écriture. Il m'est arrivé assez souvent de contourner la contrainte pour y échapper, toujours avec humour ! Par contre, dans l'écriture longue, nouvelle, roman, je pense là qu'il me faudrait transpirer un peu à la tache ! J'ai mis 4 jours pour écrire ma nouvelle de 26 pages et cela m'a demander un effort certain. Mais là encore le plus difficile pour moi a été de trouver l'inspiration. Une fois trouvée, l'histoire que je voulais raconter s'est mise en place "naturellement", mais le travail, là, fut plus long, notamment de relecture.

3 Parle-nous de ton coup de foudre avec le haiku. On aime bien ce genre d'écriture au forum Atelier Poètique . Ne penses-tu pas à un projet pour nous amener tous à produire du haiku ?

J'ai connu le haïku en atelier d'écriture. J'ai découvert ce mode de poésie de l'instantanné, du fugace et de l'indicible en condensé. Les tout premiers haïkus m'ont été très difficile à faire, engoncé dans le "moule" de la poésie occidentale. D'ailleurs mes 4 premiers forment un poème à part entière. L'animatrice Anne-Marie, que je salue au passage car c'est elle qui m'a fait découvrir cette forme de poésie, par ses précieux conseils m'a fait progresser dans cet art difficile du haïku.
Le haïku est souvent un flash, une photographie d'un moment fugace que l'on met en pellicule avec des mots. Ce que j'aime dans le haïku c'est ce moment d'éternité figé, le temps est comme suspendu, et également la notion de dépouillement, pas très loin de l'art zen. Avec le moins de mots possible, avec une concision la plus absolue, exprimer un sentiment de plénitude, un peu comme une béatitude devant l'infini du temps.
Je créais des haïkus à partir d'image visuelle très forte dans un certain état d'esprit. Le premier ouvrage que je consultais sur la question posait en préliminaire : un haïku se vit et ne s'explique pas. Et comme de juste, l'auteur ayant posé ce postulat faisait exactement l'inverse dans son livre et s'empressait d'expliquer un de ses haïkus, ce qui soit dit en passant m'a bien fait rire, mais m'a expliqué également comment faire.
Alors j'ai décidé de faire la même chose que cet auteur, dont j'ai oublié le nom, mais au lieu de le faire en mots, je le faisais avec mes images. C'est ainsi que sont nés, cette hérésie pour certains, cette merveille pour d'autres, mes "portes", les haïkus illustrés.
L'image renforce le sens des mots du haïku et l'explique en partie, tout en laissant une part d'imaginaire au lecteur afin d'entrer dans la poésie et l'y peupler de ses propres images. Mais l'alchimine ne se fait pas toujours. Pour que cela fonctionne, il faut rester un petit moment face au haïku, se vider l'esprit, lire et relire lentement le haïku et plus rien autour ne doit exister. On entre alors dans l'image et la magie opère.
Je n'ai point de projet pour vous amener à produire du haïku, laissant le net comme terre de liberté, je ne me vois pas en tant que grand gouru du haïku ! D'autant plus que j'en suis au stade où personnellement le haïku ne m'apporte plus autant de satisfaction qu'au début. J'ai peur de sombrer dans la facilité. Mais j'encouragerai volontiers, comme je l'ai déjà fait par ailleurs, les auteurs qui veulent explorer ce domaine.

4 Avant j'avais l'idée que le haiku illustré constituait un paradoxe dans les termes meme : l'image c'est le figement et le haiku c'est la fugacité.
On a discuté longuement et tu m'as convaincu avec des arguments .
On parle d'une écriture verbo-visuelle avec une synthèse de 2 systèmes perceptifs le linguistique et l'iconique (Interartistité mot de Eugenio Miccini)
Que penses-tu de cette citation :
" Celui qui ne sait pas prendre une photo n'écrira jamais un haiku".

Je ne sais pas prendre une photo ! Je ne me considère pas comme un photographe, alors que je me reconnais en tant que poète. Je suis assez d'accord avec Miccini, car le haïku est l'art de la patience, tout comme la photo. Ou bien l'art de l'opportunisme, tout comme la photo aussi. Prendre une bonne photo, prend et demande du temps, de la patience et aussi de la technique. Cela demande aussi de la chance, être là au bon moment. Le haïku est un peu pareil, du moins à mon avis, car les miens sont surtout visuels, et dépendent d'un moment.
N'étant pas photographe, il m'arrive assez souvent de prendre chez les autres les photos qui m'intéressent. Ainsi la première collaboration avec une artiste photographe, mymykuu, mais aussi de nombreux non photographe, au sens professionnel, qui ont de beaux clichés qui m'émerveillent et puis des vrais comme Jérôme Lévy, avec qui j'ai fait le livre coeur.

5 Tu es né en mai 1967 : un an après c'est Mai 68 .
Avec un certain recul qu'est-ce que tu gardes de cet événement ?
Les intellectuels d'aujourd'hui n'observent-ils pas un mutisme révélateur d'une certaine domestication ?
Peut-on étre un néo- soixanthuitard aujourd'hui ?.

Je n'ai aucune trace personnelle dans mes souvenirs de cette période lol ! Avec un très grand recul je retiens de mai 68 les grèves, le mouvement hipie, la libération "sexuelle" de la femme, et un bac donné. Mais cette période est bien révolue, les reculs sociaux sont hélas nombreux, l'individualisme grandissant, le néolibéralisme de plus en plus florissant, il reste à faire beaucoup de chose encore pour l'égalité de droit entre homme et femme, et le bac est presque donné à au moins 80% d'une classe d'âge. Etre un néo68tard aujourd'hui ne m'intéresse absolument pas. D'autant plus que je ne vois pas trop en quoi cela consisterait. S'agirait-il de prôner la révolution ? Mais la révolution contre qui ou contre quoi ? Et pour mettre quel système à la place ? Au r de la révolution je préfère le r de la résignation. Le sage, selon Voltaire, cultive son jardin. Ce n'est certes pas facile, et la terre est bien basse, mais au final cela préserve de bien des désillusions.

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La paix

Invité

de m'avoir lu.

Walido pour le verre de thé à menthe, bien sucré. Après un tel interview j'ai besoin d'un petit remontant !
biz

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La paix

Invité

de m'avoir lu.

Bien que la terre soit basse et que tu dises avoir besoin d'un remontant, je te sens bien droit dans tes bottes en caoutchouc. Une sagesse que je t'envie.
Un r (air) de résignation ? Je te comprends, moi aussi j'ai besoin d'air. Et après un bon bol d'r frais, il reste... évolution.
La lecture de tes autres réponses, m'a ramené vers les tes haïkus, j'aime bien cette... révolution de 365 jours et quart. C'est bien dans ton tempérament de ne pas faire de projet... Ca évite aussi des désillusions. ce qui est important c'est ce qui est réalisé. Et tu me fais aimer ce genre que je connais si peu... Sans en avoir l'r, tu participes à mon évolution. Merci.

Quand tu relis un de tes écrits quelque temps après, par exemple...

poissons dans le ciel
remontent les nuages
un premier avril

vois-tu toujours la même image ? te fait-elle toujours la même impression ?

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(='Y'=)
(")_(")

Ce haïku n'est pas né d'une image visuelle, mais d'une image mentale et de la volonté de faire un haïku pour le premier avril. Mais l'impression perdure toujours en effet. J'ai toujours l'impression que je vois des poissons nuageux flotter dans le ciel d'avril.

Je suis content et toujours surpris de faire naître des vocations, notamment au sujet des haïkus ! Cela me fait bizarre, car vraiment, comme je l'ai dit plus tôt j'en ai fait le tour ! Et une fois la boucle bouclée j'ai tendance à m'arrêter !

biz

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La paix

Invité

de m'avoir lu.

Cependant tu n'as pu résister à en placer sur http://forum-poetique.net/les-haikus-f156/tempete-t4206.htm#16102
le premier sans doute par dérision, mais le second éveille de douces sensations auditives, olfactives et gustatives, et même plus :

Fondue bourguignonne
Viandes qui rissolent
Dans l'huile bouillante

La boucle est loin d'être fermée sur le sujet "tempêtes" car avec les brumes glacées nous sommes loin des cyclones imprévisibles des tropiques...

Ce serait dommage que tu t'arrêtes, tu n'as pas
fini ta révolution en 365 haïkus. Tout juste un tiers... Comptes-tu la
reprendre au 1er mai ?

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(='Y'=)
(")_(")

Si si mon cher apogon ma révolution est terminée lol Mais comme je suis le roi des fainéants, mon site n'est pas à jour ! Il m'a fallu près de 3 ans pour boucler mon année, et comme tu l'as vu, je remets un coup de peinture ce qui fait que le calendrier n'est pas à jour. Il faudra patienter un peu, je les mets au fur et à mesure, mais l'année est au grand complet ! Il faudra y revenir !
biz

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La paix

Invité

de m'avoir lu.

Pour te pousser un peu à mettre à jour ton site, tu pourrais mettre dans le journal, tous les jours, un lien comme celui-ci :
Le Hïaku du jour de mon site

:Bisous:

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Gérard SANDIFORT, alias Sandipoete
Salon walido : YVES LEGUERN Vieux-10

Solum telum ego tolerare ? Pluma !
La seule arme que je tolère ? La plume !...

Bonjour Yves

Nous avons presque les memes perceptions artistiques .Mais nous produisons des choses différentes sinon nous ferons du préfabriqué .
Ce qui m'a éclaté à la face c'est lorsque tu "ouvres le robinet de la poèsie et elle coule , je la canalise"

Ben dis donc t'as de la chance que ça coule toujours .C'est peut-étre que t'as un abonnement à vie . Il y a des poètes qui ont connu des sécheresses : rien ne coule de leur robinet .c'est l'andropause poètique

Tu as dit ceci certes dans un contexte : "Au r de la révolution je préfère le r de la résignation."

. Qu'est-ce que la résignation pour toi ?
Est-ce laissez-faire , laissez-aller ?
Politique de l'autruche ?
Le système est puissant je me casse?
Retourner sa veste et...basta la révolte?
.....................................................?

Merci

Yves

Yves a dit des choses déterminantes en matière d'écriture dans un Forum intitulé Atelier Poètique .Je fus un peu étonné qu'on lui pose pas de questions plus pertinentes que les miennes pour avoir de ses lumières dans les pratiques scripturales .Yves est loin d'avoir tout dit .Posons lui encore des questions .

Je n'ai jamais dit, ou alors bien malgré moi, que la poésie coulait à tout coup ! Non, je voulais dire que quand j'ai l'inspiration, il me suffit de tourner le robinet et ça coule. Mais il faut que le réservoir soit plein ! Et pendant une longue période, il fut vide, (je n'ai pas écrit pendant près de 10 ans), l'andropause poétique, ou bien la traversée du désert. Désormais j'évite ces périodes trop longue d'abstinence, sous peine, lorsque la muse me reprend de diarrhée verbale !!!

Quant à la résignation, elle consiste à s'occuper en priorité de bibi et de sa tigresse, ainsi de ses proches, et à oublier le reste de l'humanité, qui saura bien s'occuper d'elle-même ! C'est très égoïste comme point de vue, mais c'est le mien et comme dirait l'autre je le partage !

Merci à tous pour ces nombreuses questions, et n'hésitez pas si vous voulez en savoir davantage.

biz

Invité

de m'avoir lu.

Invité

yves je n'ai rien lu je ne vois pas les mouches
walid ne me reconnaîtra jamais trop imbu de son savoir
c'est le salon où l'on cause de choses supérieures
tchin

Invité

et ce forum va du primaire au tertiaire
je me retire de trop de prétention
soyons modestes
on peut lire ces choses ou les écouter dans les études chiantes de ceux qui se prennent pour Dieu
je ne suis rien je me promène j'essaie d'oublier que les premiers seront toujours les derniers
et quand je vois alain mon ami qui n'a jamais rien dit préparer son testament et l'accomplir malgré lui
un vrai poète seul et caché j'ai perdu tout
merci de ne pas me lire
si je ne lis pas les autres mes yeux en sont la cause ma fatigue et mon âge
masturbez vos méninges ça ne sert de rien pour personne
mais j'adore yves que tu me fasses coucou je ne savais pas que tu fréquentais les beAUX QUARTIERS
où la tête vaut plus que le coeur
walid je t'ai vu plus amène à la pêche en bottes et plus heureux
mes hommages messieurs
marine désespérée

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