Epitaphe hermétique

Pour mon bain, ablution de la chambre nuptiale,
Ceux qui ont faim et soif renoncent à la noce.
La prophétie inviolée du retour précoce
Résout son équilibre en sa spire fatale.
Isolé, d’un valet se renversent les piques.
Par un temple delphique aux marbres aquatiques
Nous mène Anaximandre aux eaux d’Anaximène.
Sauve qui peut à cheval grondant l’ours ramène,
Tombant vers un monde ougaritique de gouges,
Le cauchemar furieux en jument crie son fiel.
L’Egypte, hélas, n’est plus le reflet du ciel !
Petit chien noir sur un bosquet de roses rouges,
Tant pis, vieux compagnon, va-t-en croquer la pie !
Sur les flots de mon âme cynique et pourrie
Cependant que l’ardeur par la sylve s’enfonce,
Se fronçant en fonçant, du rêveur fugitif,
Revenir au zéro d’un retour relatif
Que mûrisse en sa noirceur le fruit de la ronce.
Des profondeurs de l’océan d’un bleu nocturne
Comme une urne où miroitent de vagues éclairs
Aux cendres d’argent vaporisées des éthers,
Hermaphrodite aux requins blancs perd sa cothurne.
L’Océan primordial générant l’Hydre s’ouvre,
Qu’un peuple argileux sur ses continents qu’il couvre
Sépare de sa faux. Diable ! Par Saturne !
De Sapho la mosaïque éclot ses mantras.
Le moai détaché de la montagne marche
Comme un kara-kara dressé dessus son arche,
Le contour de l’arbre épousant, né de ses bras,
Le ventre hérissé de chevrons en digammas.
Son souffle erre pour ceux qui ont veillé trop tard.
La jument du cauchemar se cambre à la lune
Qu’un éclair sanglant colore en sa flamme brune
Ainsi que la chevelure embrasée d’Ishtar.
Semblant, bipède, elle hue sur le sable stérile,
Le Grand Bélier du Nil méditant sur son île,
Banebdedet, le trop plein de vie débordant,
Dont la sylve tragique ironise le chant,
Le dragon à la lance de l’Ange enlacé
Tel à une épée de feu de l’Eden lové.

Joël Gissy
www.joelgissy-poesie.com

Hermétisme confirmé ! lol
Je te jure, j'ai tout lu !

Les Hommes supportent décidément une bien terrible punition que de pouvoir entrer dans le secret des Dieux, enfin quand je dis les Hommes je parle surtout de moi
Mais au fait, qui c'est qu'est mort ? A cause que l'épitaphe ça m'a fait penser...
Pas de 1 er degré s'te plait, je me moque de moi sans aucun complexe !

Merci du partage

Tof

Je n'ai pas vraiment compris le sens général du poème mais c'est pleinement suffisant de voler d'images en images, de laisser son imaginaire partir en lisant ton poème.

Que chacun puisse y puiser, voilà comme toujours ma proposition, ô Φειδίας !
Tofka, le début est une référence à une épitaphe de l'époque des premiers chrétiens.
Merci à tous les deux.
Joël

Sur les quatre premiers vers ?
Ton choix de vie et de pensée préférant les plaisirs humains par rapport a ceux qui choisissent l’ascétisme?
Le baptême chrétien ?
La prophétie concernant la venue d'un messie?
Une référence au sacrifice inéluctable de ce messie et de ses "partisans"?

Bref sans Wiki ou autre, juste avec mes pauvres neurones incultes, il ne me reste que des questions...
Et je n'en suis qu'aux quatre premiers vers ! lol

Socrate aurait dit :
- Je sais que vous n’allez pas me croire, mais la plus haute forme de l’excellence humaine est de se questionner soi-même et de questionner les autres.

J'adore cette formule qui relève l'importance de la question.
D'où mes points d'interrogation...

A bientôt

Tof

Vaut mieux poser une question pour comprendre plutôt que de rester sans comprendre… Ou alors on peut croire qu'on a compris sans avoir compris. M'enfin, ça va de soit.

Frollo a écrit:

Vaut mieux poser une question pour comprendre plutôt que de rester sans comprendre… Ou alors on peut croire qu'on a compris sans avoir compris. M'enfin, ça va de soit.

Je m'adresse à Joèl pas à Frollo ici, merci de t'abstenir de commentaires sur mon commentaire !
Bonne soirée
Tofka

Tofka. Ton cheminement par questions, comme une balle qui rebondirait contre les parois d'un labyrinthe, correspond tout à fait à ce que j'espère ici de mon lecteur. En plus, je vois que tu as identifié certaines références clefs de compréhension de ce poème.
Messieurs, tout va bien !
Merci à tous les deux.

J'ai écrit il y a quelques temps "qu'on grave sur ma pierre"... si je le retrouve je te le mettrai en écho même si mon texte est plus terre à terre... mais bon... cela reste dans l'idée du titre.

Avec plaisir. L'esprit de la terre...
(sans vouloir me montrer funèbre)