Harmonie

Voici un endroit que j’ai souvent rêvé, il existe, je ne suis pas seul à le chercher.


C’est un lieu dont les murs sont tombés, il est meublé de verdure et d’air frais. Au centre, un imposant pilier qu’aucun coup de hache, jamais, n’a saigné. Le bruissement d’une eau limpide qui s’écoule, berce la faune peuplant les environs. Ce sont les vents, pour mon bonheur, qui embaument l’endroit de senteurs printanières et les rayons d’un soleil plus proche que d’ordinaire, baigne cet espace d’une éternelle lumière. Ces habitants de nature timide ne cessent en ces lieux de librement s’exprimer. Bercé par les chants d’oiseaux enjoués, enivré par la vision d’un horizon dénué de clôtures, de frontières, de barrières en acier. C’est le calme, pas la solitude.
C’est la sérénité.


La vraie force de ce jardin que l’on ne peut délimiter découle tout simplement de la complémentarité. Le ruisseau désaltère et irrigue la terre. L’arbre y puise librement et croit vers le soleil. Le soleil fournit à l’arbre sa lumière, celle qui lui donne cette splendide teinte de vert. L’arbre, ravi, nous rend en retour un espace ombragé qui adoucit le jour. Grâce à cet équilibre, des fruits naissent sur les branches, l’arbre permet la vie et il s’entoure d’amis.


Encore par endroits aux abords de l’arbre, on peut trébucher sur les vestiges d’anciens murs. Ces murs qu’autrefois une société a bâtis, dans l’intention avouée d’améliorer la vie, rangeant chacun à une place définie afin de lui dicter le rôle à jouer. L’intention était bonne mais trop artificielle, l’agencement forcé, structure d’une société, n’est jamais synonyme d’une affectueuse entente. Ainsi les murs qui, autrefois, devaient l’améliorer, finirent un jour par oppresser la vie. Voilà comment, une fois ces pierres dispersées, l’eau put passer et la lumière aussi.


Depuis ce jour l’arbre s’épanouit.


Ceci est l’histoire d’un endroit formidable, le seul où la lumière put traverser la
pierre.


Ce lieu, je le nomme Harmonie. Certains le cherchent sur cette terre, je le sais
dans nos esprits.