le tiroir du vieux chiffonnier

Bonjour à tous, je ne suis pas très active en ce moment, trop parfois c'est trop ... alors on fonce sur ce qui est le nécessaire et l'indispensable
Mais je tenais à vous faire partager ce texte, parce qu'il est ma mémoire ... et que ces jours sont à la nostalgie ...
Bisous à tous mes amies et amis


Petite rue piétonne un jour de grand marché
Promeneurs et chineurs musardent sans chercher .
De nos anciens métiers les rues gardent racines
Celles des Minotiers et du Chai des Farines.
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Au milieu des rumeurs des rues endimanchées,
Une enseigne rouillée grince au mur accrochée
Comme pour appeler les âmes à la chine,
Dans l’antique bazar aux senteurs d’églantine.
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Je ne sais si l’amour des beaux meubles d’antan
m’a poussée à entrer, j’ai arrêté le temps.
La pièce était très sombre et sentait la lavande
Vieillie par les années aux armoires normandes.
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Au fond de la boutique, un vieil homme voûté
D’un ton à peine clair, tant sa voix tremblotait
Me dit en souriant, l’œil rempli de malice
« Ce sont les vieilleries qui souvent rajeunissent ».
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Fouillez, ma chère enfant, dans mes rayons secrets
Et faites souvenirs de ces objets sacrés,
Prenez tout votre temps, que le mien s’accomplisse
A l’horloge du cœur l’aiguille est en coulisse.
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Chacun de ses tiroirs j’ai ouvert tour à tour,
Entre chiffons et lins, habits et beaux atours
J’ai cru me retrouver des années en arrière,
Comme un Ali Baba : Sésame en bandoulière.
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Les yeux écarquillés, les mains à fureter,
Je sentais ce destin qu’il ne faut pas rater,
Et j’ai enfin ouvert le tiroir du mystère
Dans l’armoire du fond, juste sous la verrière.
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Un livre enluminé, de poussière couvert
Une larme a coulé, les yeux à peine ouverts,
Les pages étaient fanées de sa longue existence
Il m’attendait ici, comme un bain de jouvence.
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Je savais à présent d’où venait mon envie,
Il était simplement, l’histoire de ma vie
Il m’avait appelée du fond de ces ruelles
Ses pages doucement me devenaient réelles.
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Je l’ai posé émue, sur un vieux banc rouillé
J’ai voulu demander, le prix, j’ai bredouillé,
Mais le vieux chiffonnier m’a dit d’un ton aimable
« Je vous en fais cadeau, il est inestimable ».

Magnifique poème, magnifique histoire.

D'abord cet écrit est lui-même tout comme un livre d'histoire, donc nous nous instruisons, tout en poésie.
Ce promener parmi des vieilles choses, c'est déjà s'imaginer plein de petites histoires...et miracle, la chute incroyable si l'histoire est vraie, merveilleuse si elle est imaginée (il fallait y penser)
Retrouver son propre cahier, son confident...après plusieurs années. C'est comme la découverte d'un trésor.

Je vais finir aujourd'hui sur cette très jolie histoire, et Claude, à très bientôt, vous me manquez.

C'est avec toi que je suis entrée dans cette boutique (tout comme je le fis avec M. Pagnol dans ses souvenirs d'enfance lorsqu'il allait chez le brocanteur avec son père pour meubler la bâtisse de leurs vacances)...
A chaque quatrain on peut palper l'atmosphère qui se dégage des lieux, on imagine sans aucune difficulté ce vieil homme tout aussi accueillant que charmant.
Le temps s'y arrête comme une plume levée attendant de courir à nouveau sur le papier.
Chaque ligne, savamment disposée, nous transporte dans un ailleurs, une autre dimension, un espace temps et c'est tout simplement merveilleux.
Et quand on arrive à la fin on a de suite l'envie de relire à nouveau cette œuvre !
Je crois que si ce forum avait un "livre d'or", ton poème qui me laisse émerveillé y tiendrait la première page.
Car il n'y a rien de plus beau, de plus réussi qu'un poème qui, d'emblée, demande à être relu pour le simple plaisir.
C'est un cadeau sublime que tu nous offres ici.
Un grand merci pour avoir l'espace d'un instant, arrêté le sablier de mon temps.

Merci de nous offrir de si beaux cadeaux claude :)

Merci beaucoup, j'aime particulièrement ce poème parce qu'il est né d'un instant magique, il y a longtemps ... et puis parce qu'il est un des premiers que j'ai écrit, revu, corrigé ... pour arriver à ne pas être satisfaite des rimes .... mais .. si je le corrigeais encore il n'aurait plus ce premier sens, ce premier jet du coeur ... et il ne serait plus cet instant magique

Merci beaucoup d'être des lecteurs assidus, de faire vivre le forum par vos mots, les vôtres et ceux donnés aux autres, ceux par qui l'écriture n'aurait aucun sens, puisqu'elle ne serait pas lue

J'ai trop peu de temps à vous consacrer en ce moment et je n'aime pas, mais la vie décide parfois pour nous ..; continuez à faire vivre les mots, la poésie ...

Amitié et bisous à tous

Merci Claude pour ce partage très précieux!
C'est un beau cadeau que tu nous fais reviens-nous vite dès que tu le pourras!
et si on ne se voit pas avant 2013, passe d'agréables fêtes!
Bien amicalement,

Merci mon jeune ami ...