Poème pour rire : Eloge de la laideur

Mon Dieu comme tu es laid! Une erreur lamentable!
La Nature t'a créé sans te rendre opposable...
Quel outrage à la vie et à mon corps parfait
Qui ne peut décemment se faire à tes effets :



Ton odeur répugnante, tes yeux glauques et cireux,
Ce nez gros et bavard qu'on voudrait silencieux,
Cette lèvre rougeâtre et huileuse à vomir
- Peuh! Tu me les présentes sans penser en rougir!


Comme j'aime, mon horreur, mon gnome délicieux,
Frémir des nausées que m'inspirent tes feux!
Il n'est d'amour plus doux que celui que l'on ose
Malgré tout, malgré l'autre, malgré les fables roses


D'une morale imbécile qui tyrannise le coeur
Quand le coeur veut courir les plus belles laideurs.
On te trouve répugnant, d'une hideur sans pareille?
C'est vrai. Mais dieu que j'aime ces abjectes merveilles!


Tu es Aberration aux lois universelles
D'une Nature étrange qui dota l'être humain
D'un penchant licencieux pour le Beau inhumain
Et pour la pureté claire des affreuses pucelles

Lorsqu'elle crée chaque jour des chefs d'oeuvres notables
D'atrocités physiques qu'on refuse à sa table,
Et surtout dans son lit! Faire l'amour à l'ignoble
A pourtant quelque chose qui friserait le noble!

Je me veux magnanime et accepte tes voeux,
Magique Hephaïstos! De tes forges ardentes
Où s'agitent les sens de ton amour nerveux
Tu sortiras pour nous les plus grandes épouvantes!

J'adore les parfums dont tu pourris mon air
Et lècherai tes mains si tu me laisses faire!
Accepte mes hommages à ta hideur superbe :
Pour posséder ton corps, je t'enverrais des gerbes

De fleurs et de mots doux pour que tu t'habitues
Aux beautés inhumaines que toujours l'on t'a tues.
Je te rendrai le goût des amours possibles
Dont tu t'étais privé pour ne pas être cible

Trop facile des lazzis de ceux qui ne voient rien.
Inutile de mentir : tu es presque une injure
Aux regards qui se portent sur ton visage impur
Et auquel pourtant j'aime accrocher le mien...

Je me tais cette fois et te laisse choisir :
Tu me prends ou me jettes : décide qui doit mourir;
Car il n'est de salut pour moi que dans ton coeur
Et rien ne rend plus laid qu'une éternelle rancoeur...



A prendre, naturellement, au second degré! ;-)

Merci pour la lecture

Marie

Ecrire sur la laideur n'est pas chose facile
Tu t'en es très bien sortie.
Bravo