Vaticinations

1. Le Rayon vert

Auprès d’Anubis, Didon, reine de Carthage,
Se morfond ténébreuse et tient comme un calvaire
Le flambeau nébuleux de son sceptre lunaire.
Or que le bon génie d’insidieux présage

Au milieu des cyprès qui songent vacillants
La fixe, elle, Impératrice en ses illusions,
Gâche son temps limpide en vaticinations.
Les Mopses tels des loups s’emplissent de leurs chants

Par une nuit sans lune où l’astre d’Isis trace
Des rayons sur la carte où son cœur s’est perdu.
Et cachant sous ce disque d’argent morfondu
Sa chair, l’Autre éperdu dans un rayon vert passe.

2. L’Enlèvement de Séléné

En un halo jaune tendre au fond de l’azur,
Elle trône incomprise ainsi qu’un vieux symbole.
Sur le bout de l’index un scarabée d’or pur,
Entre Hercule et son Cancer astral se désole

Quelque douce Aphrodite en son char triomphal
Que tirent vers le ciel des nuées de moineaux.
Son bras replié parmi la toison d’archal
De sa nuque alanguie, la Reine des oiseaux

Lance un arpège anxieux de sa gorge diaphane,
Comme un chant mélodieux qui roucoule et s’apaise.
Et de l’aube musicale où ce frisson plane
En une incertitude, o sublime malaise !

Lumineuse et sonore ainsi qu’un rubato
Où mille violons murmurent dans la nuit,
Son vague passionné se meurt tel un flot
Sur l’arène où cette Omphale expire d’ennui.

3. Un court Nocturne

Calme est la profondeur du miroir sidéral
Où se connecte en un silencieux dialogue
A travers les noirceurs de l’espace abyssal
L’âme inspectant les cieux du petit astrologue.

4. Une Femme-Ciel

Infime espoir d’Hermès, chue aux limbes terrestres,
Entière à tes passions qu’un soupçon clairsema
Dessus ta chevelure aux cascades équestres,
J’ai cru voir ce visage éclairer mon karma !

Tant est pur le dessin d’une harmonie si frêle,
Fine élévation d’un type avalonien !
L’inspiration de ton souffle, pâle Isabelle,
Tel, qui sait, le frisson d’un baume aérien

Soignera les baisers de ma désillusion.
Et, cependant qu’avec une majesté douce
Passera la féerie de cette union
Idéale, où son principe immortel repousse

L’écart entre le Cosmos et la forme humaine,
La contemplation de mes sens confondus
Boira dans sa clarté mystique et souveraine
Le songe évaporé d’une nuit sous Sirius.