Les pouvoirs ancestraux

L’Air, suffocant, torride et sec,
De cet été ardant, descend sur les épaules.
Depuis plusieurs mois c’est l’échec :
Aucune goutte d’eau se voit au pied des saules.

Debout à l’aurore naissante,
Marius cherche encor les repères concrets,
Prouvant que l’eau est existante,
Sous l’écorce du sol qui garde ses secrets.

Deux longs rameaux fourchus,
Qu’Il a taillé hier, au plus beau noisetier
Et répons qui leur sont échus,
Deviennent dans ses mains, ses outils de sourcier.

Comme lui apprit son grand-père,
Dont il a hérité de l’antique pouvoir,
Il sait faire parler la terre
Car, dans un vieux cahier est écrit ce savoir.

Les saints du jour et les apôtres,
Lui confèrent les dons des gestes essentiels,
Dans de secrètes patenôtres
Et rituels, devant rester confidentiels.

Au rayon de soleil rasant,
Il aperçoit le vol de nombreux moucherons
Qui tourbillonnent, en dansant,
où poussent au printemps, les ronds de mousserons.

Ces baguettes tendues au bout de ses bras,
Soudain plongent et sont attirées.
C’est là, normalement, qu’il lui faudra creuser…
Et l’eau abreuvera ses terres assoiffées.