San Antoni

San Antoni

La nuit a déposé sa couche cotonneuse,
Le silence s'étend sur les pentes neigeuses,
Et d’adret en ubac, d’opalin recouvert
Le massif montagneux met son manteau d’hiver.

Un sentier empierré à la paroi s'attache,
Et mène au bord d'un lac, qui prudemment se cache
Au milieu des grands pics, gardiens de son secret,
Ses rives sont cachées au regard indiscret.

Le soleil a repeint le ciel de transparence,
Et pose ses rayons pastels au lac immense,
La surface des eaux se ride au vent léger,
Plissant sur le miroir où le ciel vient plonger

Vaguelettes douceur en mille éclats scintillent,
D’un beau pourpoint de soie les pieds des monts s'habillent,
La lumière argentée en reflet irradie
Mon âme est comblée quand la paix m'envahit.

Je voudrais être peintre et que ma main dessine,
L’irréel camaïeu, le tableau me fascine,
Mais je suis désarmée à traduire l'émoi,
Que cet instant magique a imprimé en moi.

Je suis restée longtemps assise au banc de pierre,
A contempler émue cet étonnant mystère,
Quand le soleil se prend de teinter au pinceau,
L'eau d'un lac enneigé perché sur les coteaux.

L’image reste encore ancrée dans ma mémoire,
Et réveille mes sens quand mon cœur broie du noir,
Souvenir incrusté, vision presque irréelle
Que je voudrais un jour écrire en aquarelle.