Vivrière

Vivrière

L’émotion à fleur de goutte, l’octave polichinelle,
Mélopée obsédante, constante ritournelle
D’une mère ménestrelle, antédiluvienne et éternelle.

Vivrière des songes fantasques du poète
Elle embrume ses entrailles, s’immisce dans sa tête,
Obnubile sa maigre raison : l’esprit égare sa bluette…

Tombent des volutes de vapeur fraîche et mouillée
Qui apaisent sa peau usée, inspire ses mots choyés
Car la Muse folâtre aime à onduler sous la caresse
Des picots d’ondée, du velour aqueux : quelle ivresse!

L’âme poétique cherche, inlassable, la voie céleste
Mais aveugles sont ses yeux : la terre est leur leste.
C’est pourquoi lorsqu’arrive la pluie vive et salvatrice

Qui s’épend sur ses chairs ternes, lui lavant l’iris,
Ses sens se grisent, il chancelle et ouvre les bras
Son cœur déborde et il gémit : « Alléluia ! »

oui j'aimerais bien que tu m'expliques ta poésie il est question de pluie de muse
j'attends ma puce
bises
raymonde

Je pense que ton poème est une tentative de créer une harmonie des mots et leur musicalité et si ça débouche sur du sens c'est tant mieux .
Parles-tu d'un monde où le religieux est un retour à la nature ? A la fin ton "alléluia" sonne religieux .Mais pourquoi l'avoir laissé jusqu'à la fin ?
Ton poème me plait Capucine pq 'il pousse à s'interroger

Hihi. ^^ Je m'y attendais.

Merci Walido pour ce gentil compliment et merci de ta lecture Raymonde. Pour répondre au premier, tu n'es pas loin du sens du poèmes quand tu parles d'un retour à la nature... Mais éclaircissons tout ça.

Commençons par un petit lexique :

Vivrière : mot vieilli pour désigner une femme qui fournit des vivres, de la nourriture. J'ai utilisé ce terme dans le sens de nourricière, qui nourrit.

Antédiluvien : qui date d'avant le déluge

Bluette : petite étincelle.

Alléluia : C'est en effet d'origine religieuse, mais, comme le dit wikipedia " l'expression est entrée dans le langage courant pour signifier une expression verbale de joie, allant parfois jusqu'à l'exubérance. " C'est de ce sens que je l'utilise. Il n'y a donc pas de référence religieuse. ^^

Maintenant, cette Vivrière qui est le sujet de mon texte... Qu'est-ce ? Mes chers, c'est la pluie. Rien de complexe. ^^

Peut-être avez-vous maintenant en mains assez d'information pour essayer déchiffrer ce poème. Si ce n'est pas le cas, je vous en offre une petite traduction... ;)

L’émotion à fleur de goutte = dérivé de l'expression l'émotion à fleur de peau, adapté à la pluie l’octave polichinelle = l'octave changeant, métaphore utilisant le polichinelle qui est un personnage espiègle et changeant (ce vers caractérise la pluie)
Mélopée obsédante, constante ritournelle = le bruit de la pluie
D’une mère ménestrelle, antédiluvienne et éternelle. = la pluie

Vivrière des songes fantasques du poète = elle nourrit le rêve/inspiration/oeuvre du poète
Elle embrume ses entrailles, s’immisce dans sa tête, = je crois que c'est clair.. ^^ "elle" désigne toujours la pluie
Obnubile sa maigre raison : l’esprit égare sa bluette… = l'esprit égare sa petite étincelle, il se perd : le poète oublie la rationalité

Tombent des volutes de vapeur fraîche et mouillée = la pluie tombe
Qui apaisent sa peau usée, inspire ses mots choyés = la pluie rafraîchit, inspire
Car la Muse folâtre aime à onduler sous la caresse
Des picots d’ondée, du velour aqueux : quelle ivresse! = ces deux vers disent encore que la pluie inspire le poète

L’âme poétique cherche, inlassable, la voie céleste = le poète cherche le Beau, le chemin du "Paradis", de l'aboutissement de son oeuvre
Mais aveugles sont ses yeux : la terre est leur leste. = mais tant qu'il ne se détache pas du monde matériel, de la Terre, il ne peut y arriver. La minuscule du "t" de terre est voulue, car elle représente l'élément de la terre (tout en sous-entendant la Terre) qui peut être chasser par la pluie. Je ne sais pas si cette explication est claire, mais j'espère que vous comprendrez ^^
C’est pourquoi lorsqu’arrive la pluie vive et salvatrice = bah c'est ça : )

Qui s’épend sur ses chairs ternes, lui lavant l’iris, = la pluie tombe sur lui et le lave, ôtant ainsi la terre qui le recouvre et lui permettant "d'accéder à la voie céleste" de tantôt
Ses sens se grisent, il chancelle et ouvre les bras = c'est compréhensible je crois ^^
Son cœur déborde et il gémit : « Alléluia ! » = il est heureux!

On comprend que le truc de la terre qui se fait laver par la pluie est une métaphore pour dire que la pluie permet l'évasion de l'esprit, qui entraîne l'inspiration et le contentement de l'esprit du poète.

Vala. Je ne crois pas pouvoir faire mieux. ^^ Mais si vous avez toujours des questions, je suis là. :)

Ce que j'aime aussi dans la poésie, c'est lorsque l'auteur use de la métaphore pour nous faire deviner à sa manière le fond de ce qu'il veut exprimer.
Là, en effet, tu as fait très fort.
Bravo Capucine.
J'ai beaucoup aimé ton poème, mais j'ai beaucoup aimé également tes explications qui aideront ceux qui débutent dans cet art si difficile à maîtriser.

:!Bravo!:

merci capucine j'avais )à peu près compris
bisous
raymonde

Bisous et merci (il me semble que j'abuse un peu de ce mot ces temps-ci... xD) à vous deux !

:Aimer:

non ma puce je suis heureuse que tu sois là j'ai besoin de pureté en ce moment
bisous
raymonde

Bonjour Capucine

J'ai appris de nouveaux mots grace à toi et je t'en remerci,joli poème
bisous
fabien

Il y a beaucoup de mots savants dans ton texte mais derrière eux, je crois comprendre que tu nous dis que :

"L’âme poétique cherche, inlassable, la voie céleste
Mais aveugles sont ses yeux"

Bonne chance dans ta quête!

Amitiés
Lucille

Coucou !
Bon, pour mettre en oeuvre le message de Paul (^^), faisons une critique active de ce poème... (niark nirak)

Tout d'abord je dois dire que je n'ai pas trop accroché. Mon égo, présent chez moi comme chez tout le monde, peut-être un peu plus développé, a été malmenée par tous ces mots au sens obscure pour moi, et comme à mon habitude, je me suis pris la tête alors que la poésie est fait pour s'envoler.
Et puis j'ai fait une deuxième lecture, cette fois sans réfléchir. Les mots sont harmonieux, et le tout fait très mélodique. Je pense que ce poème gagnerait à être récité, plutôt que lu, parce qu'au fond, je crois que les mots n'ont plus vraiment d'importance mais qu'ils influent sur notre inconscient... Bref, un truc compliqué pour dire qu'il ne faut pas chercher à comprendre, mais qu'il faut se laisser bercer.

Après si l'on veut, on peut réfléchir à tout ça, lire le message que tu as fait et apprendre les mots (d'ailleurs j'aime toujours beaucoup le nouveau vocabulaire^^) pour comprendre un peu plus le sens... Mais je dois dire que c'est pas mon truc de me prendre le chou :D

Ca me fait pensé à la poésie de Bonnefoy (je sais pas si quelqu'un connaît), c'est un auteur qui vous parle de maison natale, de présence et d'absence, et on n'y comprend rien si on n'a pas étudié tout ça. J'ai eut la chance de l'avoir au bac l'année dernière, et moi qui disait que ses poèmes étaient "vraiment trop nuls", je me suis aperçue qu'ils avaient une toute autre dimention.

Je trouve ça presque dommage de ne la découvrir qu'après, mais bon.

Sinon, à propos de ce Alléluia, je sais bien que tu l'as employé dans un tout autre sens, mais pour un lecteur anonyme, ça se rapportera toujours dans son inconscient à ce thème de la religion. Il faut toujours faire attention lorsqu'on emploie un mot à toutes les connotations qu'il y a derrière, ça peut être facilement mal interprêté, et tu ne pourras pas les démentir.

Voilà, en gros, ton poème est bien ficelé, joli à l'oreille et plein de surprises, mais c'est dommage qu'il soit si compliqué^^

Ouf, j'ai finit.

Pour ma part, ce qui m'a plutôt surpris c'est le nombre d'alexandrins.

2 tercets
1 quatrain
2 tercets

La métaphore sur la Vivrière, elle est un peu poussée à l'extrème puisque ce mot s'apparente plus à l'agriculture qu'à la nourriture spirituelle !...
Le titre "Littérature Vivrière" était à mon avis plus adéquat.

Citation :

Qui s’épend sur ses chairs ternes, lui lavant l’iris

Si ce n'est la recherche de rime avec salvatrice, je ne vois pas ce que cet iris vient faire ici.
Là aussi j'aurais préféré :
Qui s’épend sur ses chairs ternes, rivière bienfaitrice.
:Bisous:

Ah, je suis contente de ta critique Sandipoète^^
Je suis d'ailleurs plutôt d'accord avec toi, il est vrai que le mot "vivrière" est assez spécial dans son emploi ici. Surtout que par rapport aux autres mots employés (tels polichinel, mélopée, obnubile, et tous les autres) sont fluides et mélodiques, jolis dans leur forme et leur prononciation. Il est donc étrange de mettre un mot comme "vivrière", de surcroît en titre.
Mais si c'est à partir du mot là que tu as construit ton poème, ça peut se comprendre^^

Capucine, si l'on mettait tes mots autour d'un sapin de Noel, ce serait la plus belle des guirlande - où pourrait-on trouver de la nébulosité dans une poésie aussi scintillante - où trouves-tu le talent d'associer tous ces mots rares en si belle images - je n'ai trouvé de si forte émotion que dans les poésies de Sabine Sicaud qui avait ton âge. A mon avis, nous, adultes, n'avons plus la sensibilité ni la force pour aller chercher d'aussi beaux joyaux en haut d'un mat de cocagne - nous restons coincés au milieu.
J'invite chacun des membre à venir lire et relire ton poéme - c'est une découverte

Je crois que notre maufran vient d'avoir un coup de foudre...
Il est amplement mérité et je déplace ce poème avant de l'agrémanter d'une image et de le mettre en diaporama.