collection

j'en avais plein ma chambre... ça coulait du plafond
s'épenchait sur chaque mur
ruisselait des armoires
armée de ladybug
toutes plus ou moins grandes, belles à laides, toujours alertes, étranges...
qui sans cesse reformaient en rang serré le corps d'un mutant
ça se mouvait en silence de la nuit
du papier, au serviette, des valisettes aux poupées
partout, sur toutes les parcelles de murs
instabilité du grouillement
ça vous rend muet
muet et horrifié
de voir tant de pattes,
tant d'ailes,
tant de rouge,
de jaune et de noir,
ça s'entrechoque
ça pullule, imaginez donc mon lit recouvert à la lie de tant d'insectes
adolores, inodores, sans vie mais si terribles
collection du malheur
qui fuit entre nos yeux
à peine clos que l'armée en délire s'étire
se meut, arrive sur nous comme autant de monstres
et là, en silence, ils posent leur pattes immatérielles sur mes cordes vocales,
leurs ventres sur ma bouche,
m'obligeant au silence
mes yeux roulent dans leurs orbites
inlassablement, clos à jamais
et quand leurs gestes enfin se taisent,
quand le sommeil enfin m'étreint
il est déjà trop tard
et sur le mur, les épingles qui les retiennent se rouillent
mes coccinelles sont mortes de chagrins
j'ai rangé ma collection dans deux grandes boites n'en gardant que quelques unes...
en souvenir

Tu as particulièrement bien soigné ce poème très original, qui ne me laisse pas indifférent. Je te félicite.

merci