Lettre à un ami

Qui que tu sois, ami, j’ignore tout de toi,
Mais tu prêtes l’oreille en parcourant ces lignes
S’il m’a fallu t’écrire, et te parler de moi
C’est que je suis en proie à ces douleurs malignes
 
Qui naissent du silence et croissent dans le noir
Qui saisissent l’absence et dans la solitude
Viennent bâtir un nid au creux du désespoir
Et assaillent l’esprit comme une certitude
 
Le mot tarde à venir, alors prenons le temps
Toi l’oreille sans nom, toi l’ami sans visage
Toi qui chasses l’hiver, ainsi que le printemps
Si je t’ai postulé et rêvé ton passage
 
C’est qu’à moi je me cache et qu’en moi je me tais
Pourtant ce contenu que je ne me formule
Ne cesse de grandir et ce nuage épais
À chaque instant passé me dévore et me brûle
 
Alors naïvement mon regard obscurci
A cherché l’œil plus vif qui peut voir et comprendre
Pensant qu’au-delà de l’horizon raccourci
La tirade d’un sourd peut-être peut s’entendre
 
J’ai choisi d’accepter toutes les passions
Convaincu que la lutte est vaine envers le monde
Et je le crois toujours mais ces conclusions
Ont freiné mon envol, je me noie en son onde
 
J’ignore s’il existe une cause, un élan
Pour me déterminer comme un vent favorable
À m’extraire du gouffre où s’écoulent mes ans
À tirer de la fange un être misérable
 
Si l’on pouvait agir autrement qu’on le fait
Ne penses-tu pas qu’on aurait vu l’impossible
Moi je n’ai rien vécu qui s’écarte du fait
L’univers enveloppe aussi l’être sensible
 
Dès lors puis-je espérer ou la cause ou l’effet
Qui de ma trajectoire élèverait la cible
Pourrais-je l’appeler un jour sur mon trajet
Ou dois-je replonger au fond de l’indicible
 
Ami, voilà mon mal et voilà mon tracas
Je crois que l’univers entier nous détermine
Ami, détrompe-moi si ce n’est pas le cas
Et viens me libérer de ce poids qui me mine
 
Et sinon mon ami, je dois te remercier
De m’avoir apporté ta présence discrète
Peut-être pourrait-on pour se bénéficier
Se causer l’un et l’autre à viser nos conquêtes

Merci de nous faire voyager au fil de tes émotions parfaitement rythmées, Atsen !

Avec mon amitié.

Roger.

Merci à toi Roger de saisir ces fils que j'égare par ici.
Tes commentaire me font toujours un grand plaisir.
Amitié partagée.
Atsen