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Si toi aussi, tu entends souvent ton cœur parler à ta plume, viens déposer tes escarpins dans l'empreinte de nos pas.
Tu pourras alors alimenter cette rivière afin qu'elle devienne un fleuve prolifique de douceurs où tous, nous venons à notre tour, pour y tremper notre plume féconde.
Et cet affluent de pensées innombrables finit sa course magnifique dans un océan de lumières.
J'aime cet idée de partage.
Elle devrait régir le monde sans aucune faille.
Pour que nous regardions tous dans la même direction.
C'est pour cette raison que nous aimons tant la poésie... Et les poètes !...
Gérard SANDIFORT alias Sandipoete
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 Ce n'est pas le compte, Buzy...

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Pascal9
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Pascal9

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MessageSujet: Ce n'est pas le compte, Buzy...   Ce n'est pas le compte, Buzy... EmptySam 14 Oct 2006 - 18:01

Ce n’est pas le compte Buzy…



Il y avait une place de parking Land Park Drive entre deux taxis, une seule place ; et à l’entrée du Parc Zoologique de Sacramento, il y avait un badaud, un seul flâneur.
Les rares promeneurs qui entraient dans le Zoo jetaient un regard sur le visage effrayé de l’homme noir, sur ses vêtements élimés, sur sa démarche incertaine et faisaient quelques remarques sans importance : « Drôle de bonhomme ! Ou « Que fait-il à attendre ainsi en plein soleil ? » ou bien… Mais cela n’avait véritablement aucune espèce d’importance. Ils ne savaient pas que sur le trottoir attendait un homme désespéré…
À quinze heures, l’école du dimanche se mit en rang, ondula tel le flot tumultueux du Pacifique et, pour une fois, ne resquilla pas pour pénétrer dans le parc.
Quand l’homme noir au bord du trottoir se décida, il ne fut pas étonné le moins du monde, des policiers s’agitaient dans une ruelle adjacente : lorsqu’il était arrivé, il était déjà l’objet d’une surveillance considérable, en sursis… Et c’était de découragement et de douleur qu’il s’était pétrifié.
Maintenant, il se sentit plus seul encore :
« J’aurais tant voulu revoir Nicole, une dernière fois, pensa-t-il. Mais à la place me voilà indic – Quel pauvre indic, d’ailleurs ! – J’ai toujours espéré que je pouvais changer… Il y a si longtemps… À la ferme près du canal de la Baie de Suisin, mes virées à Frisco… Marre de bosser à l’usine de lait… Et puis, mon job dans ce club de Kansas City, l’orchestre de Benny Moten… Ha ! Mon ventre… »
Il crut qu’en se mettant à marcher, les brûlures de la lame cesseraient : mais voilà qu’il ne pouvait plus avancer d’un pas : sa carcasse si souvent malmenée refusait d’obtempérer. Il considérait l’entrée du parc comme un monde étranger, une frontière… Il se mit à saigner, le Capitaine Crumbs allait devoir patienter…
Après un temps infini, il se retrouva non loin de l’enclos des rapaces… De lourds Urubus agitèrent les ailes. Comme il regardait approcher les policiers du 4ème District, il observa l’oiseau du centre qui semblait lui cligner de l’œil ironiquement. La tâche de sang s’élargissait toujours. « Je vais tirer ma révérence parmi les animaux, se dit-il. Prendre congé parmi les charognards. Mais ils ne profiteront pas de ma carcasse… C’est vrai que nous sommes dans un état civilisé… Il y avait presque de l’ironie dans ses propos… Il se retourna vers le café Kampala qui n’était pas très éloigné : il considéra les groupes de gosses débraillés et rieurs avec, les adultes affairés et soucieux… De temps à autre un animal faisait entendre un son guttural… je me demande bien ce que c’est, pensa-t-il… Je vais rester dans l’ignorance, je crois bien… C’est donc aujourd’hui que la route de Buzy l’embrouille se termine, moi le mec pressé, toujours en plein turbin… Pour une fois que je vais au Zoo…
Le capitaine Crumbs va en être pour ses frais… Il n’apprendra rien cette fois…
Il lui revint en mémoire, l’office du dimanche, la fraîcheur du temple et les fleurs pimpantes à l’entrée de la maison, ses sœurs et sa mère vêtues de couleurs tendres… Oui… C’était une belle époque… le pasteur aurait dit : Il vous sera beaucoup pardonné…
Mais je crois que l’addition est trop lourde pour cette fois…
Il s’affaissa le long de la barrière. Son ventre ne saignait plus, ses pensées devenaient légères… Il se mit à penser à l’enveloppe de papier kraft que tenait le capitaine Crumbs… La dernière fois, ils l’avaient arnaqué, pourtant les renseignements étaient de première… ce n’est pas le compte Cap’tain… Non ce n’est pas le compte Buzy…
Il ferma les yeux et, dans le plein soleil d’un dimanche après-midi, il décida qu’il était temps pour lui de s’éloigner de ce mauvais plan…

Les rares visiteurs qui, ce dimanche, contemplaient les Urubus, jetaient un regard sur le corps allongé de l’homme noir, sur ses vêtements élimés, sur sa démarche incertaine et faisaient quelques remarques sans importance : « Drôle de bonhomme ! Ou « Il doit être fin saoul ? » ou bien… mais cela n’avait véritablement aucune espèce d’importance. Ils ne savaient pas que dans cette allée, adossé à la barrière s’était endormi Buzy… Un homme pressé…
Dans les haut-parleurs du Kampala Center à la terrasse du café on jouait « Jumpin’ at the Woodside » comme l’hymne de départ d’un gars trop malchanceux…
L’oiseau resté au centre de l’enclos déploya ses ailes et tendit le cou…
Visiblement, il s’ennuyait… C’était un dimanche après-midi comme tant d’autres…
Vers la Baie de Suisin, le soleil incendiait l’horizon, une vieille dame était assise sous la véranda… Elle se demandait ce que devenait le petit Buzy… Ce gamin énervé qui courait toujours partout… Mamma Susan monta le volume de son vieil Excelsior 52 dans le vent du soir on entendait « One O’Clock Jump », Cet orchestre était vraiment bon pensa Mamma en chantonnant…

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