La mère du monde

Une sorcière sort doucement du cachot,
Et lance sur le monde un regard méprisant.
Elle voit bien que le jour effraie les enfant
Qui écoutent en silence les hurlements des échos.

Les rois et les dieux ont oublié leur rôle,
ils ont oublié qu'ils ne vivent que pour la paix,
Pour faire croire aux sots qu'elle peut encore exister.
La sorcière ne veut même plus calmer les aiguilles qui s'affolent.

Même avec un pieux dans le cœur elle ressent.
Elle ressent quelques restes d'amour pour les tas d'os
Qui jalonnent sa route vers la noirceur limpide des eaux.
La sorcière a raison : elle a suffisamment donné son sang.

Une sorcière ne peut sauver l'humanité,
Elle le sait, et jette un épouvantail en pensant que c'est drôle,
Mais elle ne fait rire que les corbeaux perchés aux barreaux de sa geôle,
Qui écoutent hurler bêtement les bûchers.

Ses vieux démons, lacés, laissent rouiller leurs pentacles,
Et comme des macaques, s'élancent dans la forêt endeuillée
par des siècles de sève versée et de cerfs trépanés.
Tendrement, elle surveille leur grande aventure, leur débâcle.

Il n'est plus l'heure pour les sermons, ou les politesses,
Alors que la peste emporte ce qu'il reste d'intérêt au monde.
La sorcière vient d'ailleurs de croiser sa caravane immonde
de hérons héroïques qu'elle s'en va livrer à l'éternité et l'ivresse.

Déjà les fourmis sortent de sa peau charmante et craquelée,
les araignée touchent de leurs mandibules l'herbe qu'elle racle
de ses pieds déchirés, comme des fidèles attirés par un miracle ;
comme des mouches attirés par le sucre, des chauves-souris par l'obscurité.

Elle atteint , enfin, son antre terré sous son tertre que la pluie inonde
et retrouve les fantômes qui, penchés sur un mort, paissent.
La sorcière se dévêt et se touche dans les restes qui la caressent ;

Car rien ne l'empêchera de profiter des quatre cavaliers qui grondent.

ce sont les quatre cavaliers de l'apocalypse ?

J'en fais effectivement mention, mais ils ne sont pas le cœur du texte.

je sais, mais ma question concernait cette allusion.