Le temps passe et tu penses

Le temps passe et tu penses
Aux tourments de la vie aux promesses du jour
Au présent routinier dont tu es prisonnier
A tes regrets enfouis qui remontent toujours
Au vautour à l'affût à ses proies désignées

Le temps passe et tu penses
Au jeu du jet de pierre à la vitre cassée
A la haine à la rage au souffle qui te manque
A tous ces doigts crochus dans cet or entassé
Au respect qui varie selon le compte en banque

Le temps passe et tu penses
Aux dogmes qui attisent d'incessantes guerres
Aux gamins innocents pris dans les embuscades
Aux bons apôtres qui bien planqués délibèrent
A l'arme qui fait mouche en fauchant par saccades

Le temps passe et tu penses
Aux tristes horizons recouverts de grisaille
A ton pain quotidien contre vents et marées
Aux généreux élans que le décor cisaille
A des contrées bénies où l'on peut respirer

Le temps passe et tu penses
A la biche expulsée par la main qui déboise
A ta peau malmenée par la toxicité
Au poisson sur le dos au bateau qui dégaze
A la mer qui hoquète et vomit dégoutée

Le temps passe et tu penses
Aux longueurs des chemins où tu vas l'âme en peine
A tes éclats de rire et rivières de larmes
Qui roulent comme l'eau sous les ponts de la Seine
Aux regards enfantins qui toujours te désarment

Le temps passe et tu penses
Aux baisers parfumés de tes amours ratées
A la compassion feinte aux discours lèche-bottes
A ton sillon tracé dans la promiscuité
A chercher par ailleurs un endroit qui te botte

Le temps passe et tu penses
A une porte amie toute déverrouillée
Qui t'invite à passer un moment apaisant
A un flux de mots doux sur ton âme rouillée
A tes rêves anciens à tes désirs présents

Le temps passe et tu penses
A ce qui est écrit par la force des choses
A la fatalité aux lignes du destin
Au lâche qui s'écrase au rebelle qui ose
A la vie qui renaît partout chaque matin

Le temps passe et tu penses
Aux souvenirs d'enfance en feuilletant le livre
De ta vie quotidienne à remonter le temps
Ces moments colorés pleins d'une joie de vivre
Qui au fond de ton cœur sont encore existants

Le temps passe et tu penses
Aux tourments de la vie aux promesses du jour
Toi qui penses toujours
Si tu pensais à toi bien calé dans tes pompes
Tu pourrais apporter du bonheur à autrui
En te ressourçant là où la laideur s'estompe
A jamais dépassée par la feuille et le fruit.