Le vilain petit canard

Il y avait là dans la chambre,
le père . ombre muette, des fleurs,..
sordide tâche de couleur et les membres
De la famille, réunie pour ce pénible bonheur :
Vieux et jeunes confondus ; Tonton Louis
Qui avait, à ses heures, un cœur d’or…
Pétrifié par ce fantôme enlangé, tout broui
A la vue du nourrisson dont on déplore
La naissance et son frère l’aviateur, le Jean
Qui altier, n’avait pas trop dans ses habitudes
De prendre des gants, médirent de l’enfant.

Pour la parturiente, le coup fut rude :
« Ce bébé n’est vraiment pas beau ».
Comme pour étouffer la chose,
Penchée au-dessus du berceau,
A l’accouchée, pour la bonne cause,
la Fratrie conseillait à l’unisson :
« abandonne le lardon, mets les bouts ! »
Ainsi les parents font font et puis s’en vont.

Renier sa progéniture est un tenace tabou !
La sage-femme n’était pas née de la dernière averse.
Sous le bras, l’informe paquet, sans répit qui pigne ;
Elle connaissait les travers de son commerce.
Elle rattrapa en trois enjambées les parents indignes.

Au sein du foyer, mauvaise graine grandit.
Tous les garçons du quartier mis en émoi,
Sans devenir vraiment jolie ; comme par défit
Le vilain petit canard voulut de Sa liberté faire loi.
Ce n’était que le rêve insensé d’une môme,
Tantôt emprisonnée dans sa blanche parure,
Son cœur battant au rythme d’un métronome
Sacrifiant à chaque temps, une plume d’usure