Mes Noëls d’antan.

A l’âge du cours préparatoire,
Sans ambiance ni sapin Je vivais dans le noir,
Pour me calmer ma citrouille,
Plus tard j’allais dehors voir les boules.
Privée de télé, de frigidaire, ou d’une poupée pour deux,
Un jour j’ai voulu mettre le feu,
Ni chien ni chat je n’en n’avais pas le droit,
Sinon faire les courses et rien que cela.
Herblay était la maison cachée,
Où personne ne devait y entrer,
Pavillon funeste où tout ce qu’il m’en reste,
Est une agonie un peu indigeste.
Les guirlandes, le sapin, il n’y avait rien,
Rien que le regard lourd aux fenêtres dans le lointain,
C’était l’indifférence de Noël,
Où ma mère se voulait encore plus rebelle.
Rebelle de ses idées pour l’électrophone,
Où seuls ses goûts frissonnent,
Tino Rossi ou Luis Mariano,
Pour moi ils ressemblaient à des blaireaux.
Des talons aiguilles à l’adolescence,
Il ne fallait surtout pas que j’y pense,
Ou d’un shampoing à mon goût,
Ma mère régnait en maître dans ce trou.
Le trou d’un choix qui m’était interdit,
Je me suis prise de haine et de mépris,
Un jour je lui ai dit que je voulais la tuer,
Terrible propos, elle ne m’a jamais pardonnée.
A Noël ma mère faisait régner une atmosphère de guerre,
Au lieu de briller dans la lumière,
De mes veines et de mes artères je frémis encore d’une époque singulière,
Où j’étais mise à part en courant à l’arrière.
Mes premiers Noëls furent étouffés,
Aujourd’hui j’ai encore du mal à les regarder,
Je vogue seule vers une pensée limpide et pur,
Celle de ne plus être dans l’obscure.
A mes Noëls gâchés ma mère voulait que j’entre en maison de correction,
Pour toujours faire attention en oubliant la récréation,
Elle reste seule responsable de ses compulsions,
Pour avoir rater toute mon éducation.
Mes Noëls aujourd’hui ont un autre horizon,
Le frisson d’une musique dans la passion,
Qui récupèrent des années d’obstination,
Sur des idées de concentration.
Mes Noëls abandonniques d’avant,
Se traduisent dans mes idéaux de maintenant,
Des cristaux entiers de glace,
Où parfois j’ai encore du mal à faire face.