Souvenir du jardin III

Souvenirs du jardin III

Mon Ensete : mon tout premier !
J’errais seul dans le magasin,
Je vis un sachet Vilmorin
Vite, vite je l’ai caché !

Mon butin, aussitôt chez moi :
Cinq graines lourdes en immersion,
En ces trois jours d'hydratation,
J'escomptais qu'une au moins germât...

Je vis paraître la gemmule,
Plus blanche que notre Ophélia,
Plus drue encor qu'un pénis droit.
Merveilleuse dans sa cupule !

La mis avec délicatesse
Dans un pot de plastique noir,
Pour le soleil et mes espoirs,
Qu’elle poussât et sans paresse !

Pour lors que le printemps revint,
Quel bananier avais-je là ?
Timide encore, plût qu'il advînt :
Bien fort, beau et surtout bien gras !

C'est au louchet et à la pioche
Que je creusais un trou profond ;
J'excavais toutes les roches :
Que les racines fuissent au fond.

Si petit, si fier il trônait,
Ce point focal de mon jardin ;
Plût aux années qu'il devînt
Des regards le miraculé !

Années passant, il fut fidèle,
Poussant à chacun des redoux,
Alors que le temps tout morcelle ;
Feuillage ardu, jamais mou.

Il fut grand jusques trois mètres,
Ce géant dominait alors,
Pied de cinquante centimètres,
Les Cannaplantés aux abords...

Qu'il soit honni qui pensa
Que mon Ensete pût périr,
Non tant que l'hiver fût froid.
C'est le destin, tout doit mourir.

J'aime beaucoup tes souvenirs de jardinier !

Merci beaucoup Sandipoète pour le compliment !