5eme Avenue, Immeuble 11B, étage  47, cellule 256.

Quatre murs. Non trois murs et une fenêtre.
Une fenêtre qui donne sur un mur.
Voilà où je vis. Où je vis vraiment ?

Il est bleu, le mur. Bleu.
Pour que je n’oublie pas qu’il fut un temps où le ciel fut bleu.
Bleu comme le mur.
Mais il n’est pas uniformément bleu. Il n’est pas infiniment calme.
Non il est plus clair à des endroits, plus sombres en d’autres lieux.
Pour que je n’oublie pas qu’il fut un temps où le ciel fut tumultueux.

Deux plantes. Non une plante en plastique vert.
La plante verte a crevée. Pas étonnant.
Je garde son pot.
Pour me souvenir qu’il fut un temps où les plantes étaient vivantes.

Sept non Huit. Non dix ou peut être vingt. Je ne compte plus.
Vingt jours entiers enfermés dans cette armoire à « vivre » de l’autre côté de cet écran.
Il m’est de plus en plus rare, de détourner le regard, même un brève instant.

Et pourtant  combien de fois  dans mon placard j’ai aimé imaginé cette vie qui n’est plus ?

J’imagine le temps où le ciel était bleu. Bleu comme le mur.
Où  les plantes étaient d’un vert plastique.
Mais le plus dur c’est de m’imaginer l’air.
L’air qu’on pouvait bien respirer.
Je rêve que je sors de chez moi que je pose mon pied nu non pas sur le sol goudronné, mais sur la terre. La Terre.
Il glisserait alors sur ce qu’on appelait l’herbe et je courrais dans une grande étendue de vert caressée d’un doux voile bleu.
Bleu comme le ciel.
Divagation.
Bleu.
Bleu comme le mur.

Je suis à plus de cent mètres de la terre et le ciel n’est pas bleu.
Il n’est bleu nulle part.
Il ne sera plus jamais bleu.
Seulement, a-t-il déjà été bleu ?
Ai-je déjà été heureux?

Des amis ? Je parle a des gens en ligne.
Les rencontrer ? Ça nous arrive de nous filmer.
En chair et en os ? Vous voulez dire que je sorte de mon tiroir?
Pour aller où ?




Si je vis ?

Pensez-vous que je puisse encore me réaliser, confiné dans mon carton ?  
C’est un endroit pour les plantes en plastique, pas pour les plantes vertes.
Alors j’attends.

Votre style me fait penser aux poèmes de Prévert, décousu et construit (pour ma part c'est un grand compliment, à chacun sa bible, moi ce sont les paroles de J. Prévert). C'est captivant, enfermant et en même temps il fait rêver. C'est vraiment très joli.
Cordialement.
Carpediem

ça ma fait penser à cette chanson du bénabar ... légère influence ...

Un immense merci à vous tous!

Bonsoir,

j'ai beaucoup aimé vous lire! Votre Texte me touche personnellement,
sans doute parce que je vis aussi dans un placard!

A vous lire!

Alain Girard

Merci beaucoup Alain!