Les oiseaux déguisés

Magnifique interprétation du poème d'Aragon
Les Oiseaux Déguisés

Tous ceux qui parlent des merveilles 
Leurs fables cachent des sanglots 
Et les couleurs de leur oreille 
Toujours à des plaintes pareilles 
Donnent leurs larmes pour de l'eau 

Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu'il voit
Ce qu'il voit son histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix

Ses secrets partout qu'il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé

Ma vie au loin mon étrangère
Ce que je fus je l'ai quitté
Et les teintes d'aimer changèrent
Comme roussit dans les fougères
Le songe d'une nuit d'été

Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
Un air dont lentement s'étonne
Celui qui ne sait plus prier

Merci Alain de nous avoir rappelé (via cette belle voix) tout ce qui cache derrière un poème, tout ce qui affleure à peine visible et se découvre par moments un peu plus.

C'est bien cela ! Les fractures des âmes,
Les blessures au cœur, les indicibles drames,
Effleurent et bercent nos phonèmes
Les déguisant à l'encre de vers amènes
Mais parfois, au trop plein de désespoir,
Ils surgissent, terribles, vêtus et noir,
Si De Musset et Baudelaire ont sublimé
Leur art en tous ces mots choisis et rimés
Par le Romantisme, l'un a masqué les douleurs
Du cœur quand l'autre en a sublimé l'horreur;
Le poète joue entre métaphore et image,
Il ne faut jamais y voir un quelconque mirage !
Un seul mot à l'instar de la pointe du roc
Découverte par la vague montrera blessure
Ou laissera le rocher se découvrir d'un bloc
Pour étaler sa peur et de son cœur la torture.