Etre iconoclaste

"J'ai le sens du devoir" entends-je parfois dire
Et je m'évertue à en tirer des leçons
Que même l'attitude en soit à l'extension
Mais de ce rien je ne peux que me mettre à rire.

"J'ai le sens de l'amour" fait-on à profusion
Mais l'acte le plus noble est de créer la vie
Où à l'orgueil plaider quand le gain est l'envie
Ainsi qu'au plaisir rendre un peu de son union.

Il y a des si qui sont si antithétique
Que la condition ne tient plus qu'à l'esthétique
Et se renforce d'un goût d'interprétation.

Mais de ce rien je ne peux que me mettre à rire
Que cela est cocasse à sentir qu'on peut nuire
A être iconoclaste jusqu'à son extinction.

Si je prends Iconoclaste au figuré :
Il s'agit d'une personne qui s'oppose à toute tradition (d'ordre littéraire, artistique, politique ou autre),
qui refuse un culte établi ; qui se livre à des destructions gratuites, sous prétexte de modernisme.
Mais au forum poétique on aime l'ordre...
Je déplace donc ton sonnet à la place qui lui correspond.
Je te conseille d'aller voir sur notre forum d'aide ce qui est dit au sujet du sonnet construit en rimes italiennes
Tu te rendras compte que ton sonnet ne correspond pas aux règles strictes.
Suis ce lien : Sonnet

Si j'ai utilisé le terme d'iconoclaste ce n'est qu'en référence à ce que un de mes profs en lettres modernes disait de Rimbaud.
En fait, en termes littéraires c'était un briseur d'images...
Autrement pour ce qui est de mon sonnet il est effectivement irrégulier mais j'ai une question:
Si on utilise un sonnet marotique ou français pour le sonnet classique, on a pour les deux premiers quatrains, la forme:
ABBA ABBA et donc on ne peut pas faire d'alternance rimes masculines / rimes féminines entre les deux quatrains?

Pour l'alternance des rimes, tu as raison.
Chaque quatrain est considéré comme un acte dans une pièce de théâtre et le dernier tercet quand à lui doit terminer la pièce en apothéose.

Dionysos a écrit:

.........mais j'ai une question:
Si on utilise un sonnet marotique ou français pour le sonnet classique, on a pour les deux premiers quatrains, la forme:
ABBA ABBA et donc on ne peut pas faire d'alternance rimes masculines / rimes féminines entre les deux quatrains?

Bonjour Dyonisos,

La réponse est dans ta question !

A partir du moment où tu dois obligatoirement utiliser des rimes embrassées dans les 2 premiers quatrains (ce que tu as fait); de par le fait il ne peut pas y avoir alternance rimes masculines/rimes féminines.

Sur ce sonnet, dans le premier quatrain (2ième et 3 ième vers), leçons est au pluriel et extension au singulier....ce qui n'est pas possible si l'on veut s'astreindre au sonnet régulier français (il faut choisir le même genre pour les 2 vers singulier ou pluriel).

A mon sens, "la pointe de sonnet" est tout à fait à propos....Ce derniers vers synthétise bien ton poème.

A bientôt

CONSTRUCTION DU SONNET

Mesure du vers : ici un alexandrin, soit 12 pieds

Quand le soir, sybarite, // erre au bleu des roseaux -a- masculine
Poursuivant l’horizon // d’une brise frôleuse, -b- féminine
Séléné s’abandonne // à ses voiles, frileuse; -b- féminine 
La source, de cristal, // frémit en blancs réseaux... -a- masculine

Il me souvient d’amours, // d’attendrissants oiseaux, -a- masculine
Dont le coeur assidu, // sous l’aile ensorceleuse, -b- féminine
Contait, pour m’endormir, // l’histoire fabuleuse -b- féminine
D’un prince de jadis, // hantant le bord des eaux... -a- masculine

C’est la nuit que je pleure, // étouffant de tendresse, -c- féminine
Implorant mes demains // d’alléger ma détresse, -c- féminine
Mais nul écho, jamais, // ne répond à mon cri ! -d- masculine

La lune ignore, aux bois, // mes sombres nonchalances, -e- féminine
Epouse vainement // mon jardin défleuri ! -d- masculine
L’astre emporte son miel... // et mes brûlants silences ! -e- masculine

Ce poème Errances d’Aline Morzier est donc un sonnet composé d’alexandrins.

Définition du sonnet
Poème à forme fixe comportant quatorze vers répartis en quatre blocs typographiques : 
deux quatrains homophones à rimes embrassées et deux tercets dont les rimes obéissent 
à l’ordre du rhytmus tripertitus (c c d / e e d). 
Le dernier tercet peut adopter la disposition polaire (e d e). 
Ainsi, les deux schémas réputés corrects sont les suivants:
a b b a / a b b a // c c d / e e d
a b b a / a b b a // c c d / e d e
Le sonnet peut présenter une autre mesure, à savoir : de 1 à 12 pieds. 
La césure est obligatoire après le 4e pied dans les vers décasyllabiques 
et après le 6e pied dans les alexandrins. 
Le sonnet régulier se construit en alexandrins.
Le sonnet débute indifféremment par une rime masculine ou féminine, 
l’alternance des rimes devant naturellement être observée.
L’enjambement n’est pas autorisé entre les strophes du sonnet.

Comment compter les pieds d’un poème



Remarques : (les E entre parenthèses ne comptent pas comme pieds, car ils sont élidés)
- à l’intérieur du vers, tous les E non élidés sont prononcés
- à la fin du vers, les E ou ES ne sont pas prononcés et ne comptent pas pour un pied
- à la césure (dans un alexandrin ou dans un décasyllabe), un E non élidé n’est jamais autorisé

Bonjour Sandipoète,Bonjour Surfeur

Merci infiniment pour ces riches remarques poétiques et prosodiques au sein de cet ample atelier on apprend beaucoup

Chaleureuses amitiés Luthoriental

Luthoriental a écrit:

Bonjour Sandipoète,Bonjour Surfeur

Merci infiniment pour ces riches remarques poétiques et prosodiques au sein de cet ample atelier on apprend beaucoup

Chaleureuses amitiés Luthoriental

Tu sais Luth....Nous-mêmes (en tous les cas, moi) on en apprend aussi ou alors on ré actualise nos connaissances en faisant quelques vérifications avant de répondre.

Je dirais même qu'en poésie (française), on ne cesse d'apprendre tant les styles ont évolué de Villon aux surréalistes avec parfois des retours en arrière, des poèmes tombés en désuétude (le triolet), des chamailleries sur le fait de savoir s'il fallait écrire un rondeau en octo ou décasyllabes, des critiques aussi entre eux (De Musset a été traité de poète larmoyant :) ), etc.

Bien à toi

C'est ce qui est intéressant dans la poésie... Elle vit !

sandipoete a écrit:

Dans son petit traité sur le Sonnet

Théodore de Banville a écrit:

Un Sonnet doit ressembler à une comédie bien faite, en ceci que chaque mot des quatrains doit faire deviner - dans une certaine mesure - le trait final, et que cependant ce trait final doit surprendre le lecteur - non par la pensée qu'il exprime et que le lecteur a devinée -, mais par la beauté, la hardiesse et le bonheur de l'expression. C'est ainsi qu'au théâtre un beau dénouement emporte le succès, non parce que le spectateur ne l'a pas prévu - il faut qu'il l'ait prévu -, mais parce que le poète a revêtu ce dénouement d'une forme plus étrange et plus saisissante que ce qu'on pouvait imaginer d'avance.

Et encore plus synthétiquement Boileau (qui ne buvait pas que de l'eau !) affirmait:
"Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème"

J'ai lu ta présentation, Dyonisos. De par ton parcours, j'espère que tu as noté que nous ne sommes que des relais cherchant à améliorer nous-mêmes notre technique. Quand tu observeras des écrits qui te paraissent étranges, du point de vue de la prosodie, fais-le remarquer....L'ego, en l'occurrence, s'incline toujours devant un solide argumentaire.

Bonne journée