Ballade de l'effeuilleuse

Extrait de mon recueil Les Orbéliades

Sur cette scène et face aux yeux avides
De découvrir les lignes, les dessins,
La jeune femme en des poses torrides
Vient pour armer les mains des spadassins.
Ces hommes tors, nerveux tels des poussins
Qui voudraient tant la bouche généreuse
Qui les attire, « Ah ! Vous, belle danseuse,
Envoyez leur un joli baiser d’air
Et vous serez bien plus ensorceleuse . »
Voyez ce mâle, il attend votre chair.

Les libertins admirent les splendides
Formes d’Eden, s’imaginant des saints
Auréolés mais pourtant déicides
Dès que leurs doigts se rapprochent des seins
De la sorcière et sonnent les tocsins !
Les combattants, la bave douloureuse,
Vont envahir de rêves l’enjôleuse
Dès que la belle offrira le dessert
Que l’homme soit d’humeur aventureuse.
Voyez ce mâle, il attend votre chair

Les vêtements ne sont plus que des rides.
Certaines mains s’abaissent aux larcins
Quand des regards violents et cupides
Ne pensent plus qu’aux langoureux coussins
Pouvant servir à calmer leurs desseins.
Si la beauté se montre chaleureuse,
Elle sait être aussi mystérieuse.
Et l’homme sort un moment de l’hiver
Tout en gardant l’espérance fiévreuse ;
Voyez ce mâle, il attend votre chair

Homme, vois donc, la belle est amoureuse
Mais pas de toi, son cœur est recouvert
De son amour qu’elle réserve clair.
Madame, lui vous pense scandaleuse ;
Voyez ce mâle, il attend votre chair.